L’examen des motifs d’exclusion
absolus s’effectue d’après l’impression d’ensemble que
génère le signe revendiqué, y compris lorsqu’il s’agit
d’examiner si celui-ci est contraire à l’ordre public. Il est
ainsi possible que les autres éléments composant le signe
revendiqué influencent l’impression d’ensemble au point
d’éliminer la contrariété à l’ordre public découlant de
l’utilisation à titre de marque d’un signe religieux (c. 4.1).
L’exclusion des signes contraires aux mœurs de l’art. 2 let. d
LPM est en principe indépendante du type de produits ou services
revendiqués, à moins que la contrariété à l’ordre public
découle de la nature même de ceux-ci (c. 4.3). Il n’est pas
contesté que le signe revendiqué contient une croix latine (c.
5.1). Il s’agit d’un symbole déjà présent à l’âge de
pierre symbolisant notamment la divinité solaire (c. 5.2). La croix
latine est également l’un des plus anciens symboles du
christianisme, symbole de la résurrection, le salut, l’offrande de
Dieu et son lien avec les humains (c. 5.3). Ce type de croix, depuis
la réforme luthérienne, est utilisé pour signaler des lieux
religieux, comme symbole de réconciliation sur le lieu d’un crime,
ou à des fins de commémoration par exemple dans les cimetières ou
sur les lieux d’accidents (c. 5.4). Avec le temps, et tout en
gardant sa symbolique sacrée, la croix latine a acquis une
symbolique plus séculaire et culturelle. Elle est utilisée
massivement en lien avec des bijoux, ou comme objet de la pop-culture
(c. 5.5). En conséquence, la simple existence d’une croix latine
dans un signe ne justifie pas immédiatement son exclusion de
l’enregistrement (c. 5.6). Selon la recourante, le signe revendiqué
représente le cerf de St-Hubert, patron des chasseurs. Selon la
légende, cet évêque de Liège aurait, durant une partie de chasse,
aperçu un cerf avec un crucifix entre les bois, cet évènement
l’amenant à revoir son comportement et à devenir un homme tempéré
et respectueux de la nature (c. 6.2). Il est peu probable qu’une
telle mise en contexte soit perçu par les destinataires, ou que
ceux-ci voient la symbolique religieuse présente dans la
représentation d’un cerf (c. 6.3). En conséquence, la croix
latine, certes petite, mais occupant une place centrale dans la
composition, reste clairement perceptible (c. 6.3). La recourante est
titulaire de nombreuses marques représentant un cerf de St-Hubert,
et utilise de manière intensive ce logo depuis de très nombreuses
années, au point qu’il soit devenu notoire et véhicule une
sémantique particulière qui suffit à écarter le risque d’une
éventuelle contrariété aux bonnes mœurs (c. 6.4). En conséquence,
le signe revendiqué doit être enregistré pour l’ensemble des
produits ou services revendiqués (c. 6.5). Le recours est admis (c.
7) [YB]